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Advertorial

Le Luxembourg s’anime.

© claude piscitelli Photos: C.
20.11.2019
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Gros plan sur le cinéma virtuel

Acteur clef dans la coproduction de films d’animation, le Luxembourg récolte les fruits de son travail avec de nombreux et prestigieux prix internationaux, dont - pour ne citer que lui - l’Oscar du meilleur court métrage d’animation remporté à Los Angeles en 2014 par le film en 3D «Mr Hublot», coproduit par la société Zeilt Productions (Foetz).

fabrique d´images - Bayala

Pour en savoir plus sur ce secteur en plein essor, nous nous sommes tournés vers Pierre Urbain, président de la «Fédération des Métiers de l’Animation et de l’Image Virtuelle» (FMAIV). Fondée en 2015, cette fédération représente au niveau national les intérêts des producteurs spécialisés dans ce procédé cinématographique, ainsi que les techniciens et artistes qui travaillent dans les studios d’animation.

LE SUCCÈS A SES RAISONS



Selon Pierre Urbain, le succès du Luxembourg dans la coproduction internationale s’explique par diverses raisons. La position géographique centrale du pays, son ouverture naturelle à la culture étrangère, ainsi qu’une longue expérience de collaboration avec des pays «historiquement privilégiés» comme la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne constituent les premiers atouts de cet engouement.

D’autre part, le pouvoir attractif du Luxembourg se trouve renforcé grâce aux budgets significatifs alloués par le «Film Fund» dont le comité de sélection soutient tout particulièrement les productions à fort potentiel international. «Plusieurs longs métrages produits ou en cours de production au Luxembourg ont été achetés par des acteurs majeurs de la diffusion comme Netflix ou Apple», ajoute le président de la FMAIV.

Enfin, la qualité, la longue expérience et la fidélisation des techniciens et artistes favorisent l’expansion du secteur de l’animation au niveau national. «Il est très loin le temps où le Luxembourg était un peu considéré comme équivalent à un pays de sous-traitance asiatique », observe celui qui est aussi le cofondateur du studio de production Doghouse FIlms.


"Plusieurs longs métrages produits ou en cours de production au Luxembourg ont été achetés par des acteurs majeurs de la diffusion comme Netflix ou Apple"


PROCESSUS DE FABRICATION ENTRE PLUSIEURS PAYS 
   


© claude piscitelli


© claude piscitelli

Actif dans le secteur de l’animation depuis 35 ans, Pierre Urbain a constaté une forte évolution dans le processus de fabrication d’un film en raison de la globalisation mondiale et de l’exportation des savoir-faire.

«Personnellement, nous confie-t-il, j’ai connu le temps où toutes les étapes de la fabrication d’un film d’animation étaient concentrées dans un seul studio qui réunissait à la fois le réalisateur, l’équipe de pré-production, le caméraman, les animateurs, les décorateurs et les coloristes.» Et d’ajouter: «On filmait à l’époque avec une caméra 35 mm sur un banc-titre.» Il se rappelle: «Cette façon de faire présentait des avantages, car toute l’équipe travaillait sur un même film au même endroit. C’était très émouvant de suivre tous ensemble l’évolution de l’oeuvre».

Mais petit à petit, pour des raisons de coûts, certaines étapes, comme l’animation elle-même, ont été exportées à l’étranger, et des accords de coproduction ont été signés entre les pays. «Il a fallu apprendre à travailler dans une certaine logique, malgré les distances et les différentes cultures», nous explique Pierre Urbain, tout en soulignant avec une certaine fierté: «Le Luxembourg s’est toutefois rapidement positionné dans cette aventure avec grand succès».

NOUVELLES TENDANCES PROCHES DU CINÉMA D’AUTEUR
  



De manière générale, souligne Pierre Urbain, la qualité des histoires et des recherches graphiques proposées par les réalisateurs et producteurs s’est nettement améliorée.

«Bien entendu, ajoute-t-il, on continue de produire des films dans un style qu’on peut qualifier de mainstream pour distraire et émerveiller un public très large. Mais, plus spécialement en Europe, la tendance s’oriente vers des sujets plus sérieux, plus ciblés, voire plus «adultes» qui nécessitent une réflexion et jouent un rôle pédagogique tout en suscitant l’émotion. La tendance au niveau du story-telling se rapproche de celle des films d’auteur.»

En guise d’exemples, d’ailleurs largement salués et récompensés sur la scène nationale et internationale, le président du FMAIV cite d’abord trois longs métrages coproduits par l’un des plus anciens producteurs luxembourgeois, Mélusine Productions (Contern), à savoir «Ethel & Ernest» (2016) qui raconte la poignante et véritable histoire des parents de Raymond Briggs, témoins des bouleversements politiques et sociaux en Grande-Bretagne entre 1920 et 1971, «The Breadwinner» (2018) qui relate les déboires d’une fille afghane tentant au péril de sa vie de nourrir et de sauver sa famille et «Les Hirondelles de Kaboul» (2019) adapté du roman de Yasmina Khadra sur les mésaventures d’une femme condamnée à mort sous le régime taliban.

Pierre Urbain poursuit en se référant au film franco-belgo-luxo-cambodgien «Funan» (2018) qui met en scène la survie d’une jeune femme durant le régime totalitaire des Khmers rouges, et termine sur le tout récent film d’animation co-produit par Doghouse Films «Fritzi, histoire d’une révolution». Il s’agit ici du récit d’une enfant de l’Allemagne de l’Est qui souhaite rejoindre son amie réfugiée en RFA durant l’été 1989, alors que le mur de Berlin n’est pas encore tombé.

«Personnellement, nous confie Pierre Urbain, je suis plus sensible aux films faisant appel à des valeurs humaines ou relatant des histoires vraies. En tant que producteur, je pense qu’il est inutile de vouloir concurrencer les énormes machines américaines qui disposent de budgets beaucoup plus importants que les nôtres et peuvent travailler avec de grosses équipes sur toutes les étapes de la production.» Selon le président du FMAIV, il vaut mieux viser des publics plus restreints avec une meilleure qualité artistique dans l’écriture et tenter de toucher les spectateurs grâce à des films d’animation différents et novateurs. «Du moins, précise-t-il, il faut essayer, car les défis sont complexes et la concurrence reste très rude.» Rédaction - Nathalie Cailteux