Productions de qualité et insertion sociale pour tous
Rédaction - Alix Bellac
Au milieu de catastrophes réelles ou annoncées, ici et là et surtout dans notre Grand-Duché, des initiatives réjouissantes fleurissent comme de jeunes pousses d’espoir. Valorisation de la qualité, humanité.
Focus sur ces jolies actions qui disent bien que rien n‘est irrémédiable et que le pire n‘est jamais certain. Saluons donc ces initiatives puisque comme le disait Churchill, «Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu‘il ne nous prenne à la gorge».
Monsieur De Martines, affable, nous met d‘emblée dans le bain (de lait): «La ‘Fairkoperativ’ a vu le jour en février 2011. A cette époque, le prix du lait était historiquement bas. Nous ne pouvions plus produire à ces prix-là. L‘idée fut donc de créer notre marque (D’fair Mëllech) et de la mettre en rayon. Ainsi, depuis, dix centimes par produit vont directement au producteur et les consommateurs ont ainsi le choix de soutenir la filière locale en achetant nos produits.» En parlant de produits, le dit consommateur ne peut rester sur sa faim: «Il y a d‘abord eu le lait UHT entier - un énorme succès - puis le demi-écrémé et le beurre ainsi que les laits frais. Il y a même aujourd‘hui un lait spécial créé par D’fair Mëllech, un lait chocolaté disponible en version lait frais et UHT, des glaces et de la crème fraîche. Nous sommes également fiers de notre premier brie luxembourgeois. Il est fabriqué en Belgique voisine mais avec un lait luxembourgeois que nous leur fournissons.»
N‘en jetez plus, aurions-nous envie de dire mais De Martines enchaine pourtant, sourire aux lèvres: «Notre projet à venir est la commercialisation des yaourts pour la rentrée.» La coopérative a ses exigences: «Nous faisons tout nous-même. Nous avons juste une personne en quart-temps mais tout le reste est fait en mode associatif.» A ce jour, quarante-neuf producteurs sont adhérents à la Fairkoperativ qui n‘oublie pas les plus nécessiteux: «Cette année, nous donnons beaucoup à une association pour les sans domicile fixe et sommes en lien avec l‘association ‘Stëmm vun der Strooss’. C‘est une de nos grandes satisfactions ainsi que celle de pouvoir être en contact direct avec la clientèle et lui expliquer notre travail lors de foires ou de dégustations.» Soudain songeur, l‘homme ajoute: «Vous savez, un litre de lait représente bien plus qu‘un litre de lait. Nous sommes contents d‘ouvrir des yeux...»
NOTRE SPICE GIRL À NOUS
«Pour chaque produit acheté, un arbre est planté.»
Il faut croire à l‘inertie positive, à ce qui pourrait encore faire de demain un monde meilleur.
Jeune brune souriante, Roxane Rajabali est arrivée par amour au Grand-Duché puisqu‘elle y a suivi son mari mais ce sont bien nous les heureux gagnants de cette migration: depuis toujours soucieuse de l‘alimentation de qualité, la globe-trotteuse a eu l‘idée de créer sa ligne d‘épices pour notre plaisir et notre santé. Diffusées en bon nombre d‘endroits au Luxembourg (Cocottes, Emo, Auchan Cloche d‘Or, House of Luxembourg, Namur Cloche d‘or ou encore Pall Center), l’excellence a rapidement engendré le succès. «J‘attache depuis toujours beaucoup d‘importance à la qualité et la provenance des produits que je consomme. Pour les épices, je ne trouvais pas de produits parfaits, j‘ai donc eu l‘idée de sourcer moi-même mes épices et par là-même d‘offrir à tous, des produits sains et absolument naturels.»
Ainsi donc, notre jeune entrepreneuse traite en direct avec ses fournisseurs. «Pour le poivre, hormis ceux venant de Malaisie, du Vietnam, du Cameroun, d‘Inde ou d‘Indonésie, je commercialise un cru venant de Madagascar, pays dans lequel j‘ai longtemps vécu. Mais notre ‘spice collection’ offre en plus un choix d‘épices très important, des mélanges incontournables et de quoi ravir tous les palais.» Jeune femme de son temps, citoyenne du monde, Roxane mentionne les volets social et environnemental de son entreprise: «Pour chaque produit acheté, un arbre – l‘ylang-ylang - est planté. Et nous en sommes à 4.652 arbres depuis octobre! De plus, sur trois des épices commercialisées, un pourcentage est reversé à Handicap International. En effet, je souhaitais donner à une structure internationale présente dans plusieurs pays.» Brune piquante peut-être, brune touchante assurément!
LES UNS CONTRE LES AUTRES
L‘APEMH, côté coeur et côté jardin.
De sa voix posée, Tania Fernandes, chargée de direction au domaine de Limpach, nous entretient de l‘APEMH, association des parents d‘enfants mentalement handicapés. Cette institution, dame respectable de 50 ans depuis l‘an dernier, s‘inscrit dans une démarche de facilitation de vie et ne cesse d‘oeuvrer pour le bien-être des plus faibles d‘entre nous. «Nous accompagnons une personne de la naissance au décès. Nous offrons soit un hébergement H24, soit un accueil de jour ainsi que formations et emplois. Nous avons des ateliers de formation à 18 métiers regroupés sur divers sites éparpillés dans le pays et permettant à des personnes en déficit intellectuel et/ou moteur, d‘acquérir des compétences. Nous intervenons également pour les aider à trouver du travail si tel est leur souhait et les accompagnons pour leurs premiers pas dans le monde de l‘entreprise ainsi que pour toutes les démarches inhérentes. »
La jeune femme marque une pause avant de nous entretenir d‘un autre volet social: «En 2015, l‘APEMH a lancé une nouvelle activité sur le site de Limpach. Nous offrons dorénavant une production régionale et saisonnale de légumes et de quelques fruits. Il s‘agit des premières productions. Elles ne sont pas bio mais exemptes de l‘utilisation de produits chimiques», sourit la jeune femme. «L‘idée était de surfer sur l‘évolution du marché. De plus, nous cuisinons chaque jour pour plus de 650 personnes (encadrés et encadrants). Il était donc raisonnable d‘envisager notre propre production». Vive le régional local, puisque le site de Limpach propose également sa production au public, du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h à 17h!
Parfois, une période de lutte, des tensions, sont nécessaires pour accoucher d‘une jolie idée vertueuse. Et parfois il ne faut que des bonnes volontés qui, bout-à-bout, petit à petit, font un monde sensiblement meilleur. De toutes nos forces il faut croire à l‘inertie positive, à ce qui pourrait encore faire de demain un monde meilleur.